La véritable histoire de la rivalité secrète entre Mozart et Salieri

Une rivalité mythique au cœur de la musique classique

La rivalité entre Wolfgang Amadeus Mozart et Antonio Salieri est l’une des histoires les plus intrigantes de l’histoire de la musique. Alimentée par des rumeurs, des œuvres littéraires et le cinéma, elle soulève des questions sur le génie, l’envie et le pouvoir. Mais que se cache-t-il derrière cette querelle supposée ? Ce voyage au cœur du XVIIIème siècle nous révèle une vérité souvent éclipsée par le mythe.

Mozart et Salieri : destins croés dans une Vienne musicale

Wolfgang Amadeus Mozart : le génie incompris

Wolfgang Amadeus Mozart, né en 1756 à Salzbourg, a commencé à composer avant de savoir écrire. Sa maîtrise des genres musicaux était sans égal, de la symphonie à l’opéra. Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent Les Noces de Figaro, Don Giovanni et La Flûte enchantée.

Malgré son talent, Mozart a connu des déboires financiers et une reconnaissance mitigée. Sa musique était parfois jugée trop complexe pour le grand public, et il a souvent dû lutter pour obtenir des commandes importantes.

Antonio Salieri : le stratège de la cour

Antonio Salieri, né en 1750 en Italie, était un compositeur influent et respecté à Vienne. Protégé de l’empereur Joseph II, il était le directeur musical de la cour et à ce titre, avait un accès privilégié aux commandes royales. Ses compositions, bien que moins audacieuses que celles de Mozart, répondaient aux goûts de l’époque et lui ont assuré une grande réputation.

En tant que mentor, Salieri a également joué un rôle clé dans la formation de figures majeures comme Beethoven et Schubert.

Une compétition réelle ou exagérée ?

Les rivalités musicales à Vienne

La Vienne du XVIIIème siècle était une scène bouillonnante où les compositeurs rivalisaient pour attirer l’attention de l’empereur et du public. Mozart et Salieri étaient en compétition pour des commandes importantes, mais cela était courant dans le milieu musical.

Certains écrits de l’époque rapportent des critiques acerbes entre compositeurs, mais rien n’indique une hostilité personnelle. Mozart, dans ses lettres, mentionne Salieri, mais sans animosité marquée.

Les rumeurs de jalousie

Les tensions supposées entre les deux hommes ont été amplifiées par des anecdotes rapportées et embellies. Par exemple, une rumeur voulait que Salieri ait délibérément tenté de saboter une représentation des Noces de Figaro. Toutefois, aucune preuve concrète ne vient confirmer ces accusations.

Des collaborations oubliées

Une cohabitation artistique

Contrairement à l’image d’une rivalité acharnée, Mozart et Salieri ont collaboré à plusieurs reprises. Salieri a notamment dirigé certaines des œuvres de Mozart, et les deux hommes ont participé à des projets communs pour la cour.

Dans une lettre de Mozart à son père, il exprime même un certain respect pour Salieri, bien que teinté d’une pointe d’ironie, typique de son style.

L’épisode de La Clémence de Titus

Lorsque Mozart compose La Clémence de Titus pour le couronnement de Léopold II, Salieri aurait pu ressentir de l’amertume. Cependant, loin de manifester de l’hostilité, Salieri a assisté à la première et a exprimé des commentaires favorables.

Le rôle de la fiction dans la création du mythe

Pouchkine et l’héritage de la jalousie

La pièce Mozart et Salieri (1830) d’Alexandre Pouchkine a joué un rôle central dans la construction de l’image d’un Salieri jaloux et meurtrier. Ce texte, adapté en opéra par Rimsky-Korsakov, présente Salieri comme l’antithèse de Mozart, personnifiant la médiocrité envieuse face au génie pur.

Amadeus : un succès cinématographique et une distorsion historique

Le film Amadeus (1984) de Milos Forman, basé sur la pièce de Peter Shaffer, a popularisé l’idée d’une rivalité destructrice. Dans cette version, Salieri est dépeint comme un homme consumé par la jalousie, allant jusqu’à manipuler et empoisonner Mozart. Si le film est une œuvre magistrale, il s’éloigne considérablement des faits historiques.

Une rivalité repensée par les historiens

Les recherches modernes

Les historiens contemporains tendent à minimiser l’importance de cette rivalité. Des études approfondies sur les correspondances et les archives de l’époque montrent que Mozart et Salieri étaient avant tout des professionnels évoluant dans un milieu compétitif mais respectueux.

La force de l’imagination collective

Le succès des représentations fictives de cette rivalité montre à quel point les histoires d’envie et de trahison captivent le public. Elles révèlent aussi une fascination pour la notion de génie et les obstacles qu’il peut rencontrer.

Fait marquant : La rivalité comme reflet de nos propres tensions

La supposée rivalité entre Mozart et Salieri ne se limite pas à une querelle musicale. Elle incarne un conflit universel : celui entre la tradition et l’innovation, entre la reconnaissance établie et le génie incompris. Plus qu’une simple anecdote historique, elle nous invite à réfléchir sur nos propres perceptions du succès et de l’envie.

La relation entre Mozart et Salieri illustre la complexité des relations humaines dans un milieu où la compétition est omniprésente. Si des tensions ont pu exister, elles ne justifient pas les accusations de haine ou de meurtre. En réalité, ces deux hommes ont contribué, chacun à leur manière, à enrichir l’héritage musical mondial.

À retenir

  • La rivalité entre Mozart et Salieri est en grande partie une construction fictive.

  • Les preuves historiques suggèrent une relation professionnelle respectueuse.

  • Le mythe de cette rivalité perdure grâce à des œuvres artistiques emblématiques.

En réalité, la véritable légende de Mozart et Salieri réside dans leur contribution à une époque d’effervescence musicale inégalée.